dimanche 31 octobre 2010

Le semestre commence

Lundi 1er novembre 2010

6h22 dans mon bureau

Le semestre commence

Comme chaque année universitaire, j’ai un rituel : Me brancher sur la plate forme de l’IED et télécharger les cours afin de les mettre en mémoire sur mon ordinateur. Puis le passe à l’impression des cours, car il est plus simple pour moi de travailler sur un support papier que sur écran (mon ordinateur est un portable donc l’écran n’est pas grand). Surprise à 5h du matin ma cartouche d’ancre se meurt…tout est illisible. Pas de change.

Pour en revenir à mon journal, je tente toujours de faire un lien entre un cours et mon objet de recherche. Je n’y parviens pas constamment.

Ceci dit je m’attaque au cours

« Apprendre et s’éduquer en dehors et aux marges de l’école : Gladys Chicharro et Lucette Colin »

" Vingt mille lieues sous les mers » : les quatre défis de l’apprentissage informel "

Dans un premier temps il faut définir trois formes d’apprentissage :

  • Formel : donc institutionnel, pouvant déboucher sur une qualification. Cet enseignement et dispensé au sein de l’école, et sa reconnaissance passe par un diplôme (BEPC, BAC, CAP…). Il suit un programme établit par une institution (ministère de l’éducation nationale) et vise des compétences pour chaque niveau de classe)
  • Non formel : je pense pouvoir dire qu’il s’agit ici d’activités extra scolaire : sport, théâtre…peut être qu’ici les compétences visées sont de l’ordre de l’épanouissement de l’apprenant (hypothèse à vérifier durant le cours).
  • Informel: là c’est tout se qui n’entre pas dans les deux autre catégories. Je nommerais cela « apprendre sur le tas » expression commune mais peu élégante.

La graduation des apprentissages est donc visible dans cette nomenclature. Pourquoi penser que l’informel serait moins noble que le formel? A titre d’exemple je prendrais le cadre professionnel dans lequel j’évolue. A la base j’ai une formation formelle qui a débouchée sur un diplôme. Mais cette formation a été complétée par trente ans de pratique professionnelle durant lesquelles j’ai acquis des apprentissages non dispensés durant mon cursus. De petits gestes pouvant améliorer ma façon de travailler. Ces acquis viennent souvent de collègues plus âgés qui me font part de leurs propres expériences ; c’est une transmission de savoirs liées à des années de pratique. Je tente à mon tour de partager ce dont je suis porteur en terme de formation informelle. C’est un échange qui se fait autour d’une communauté de référence : le soin.

Trois articles à méditer pour un chercheur

Reproduction de trois articles du MONDE

LE MONDE | 27.02.10 |

Le cent-fautes de Claude Allègre

Dans son dernier livre, L'Imposture climatique (Plon, 300 p., 19,90 €), un ouvrage d'entretiens avec le journaliste Dominique de Montvalon, le géochimiste et ancien ministre Claude Allègre formule des accusations d'une extrême gravité contre la communauté des sciences du climat. La cible principale de l'ouvrage est le GIEC, défini à tort par l'auteur comme le "Groupement international pour l'étude du climat" - il s'agit en réalité du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.

M. Allègre évoque un "système mafieux" ayant conspiré pour faire passer, aux yeux de l'ensemble du monde, un "mythe" pour un fait scientifique. Très médiatisé, l'ouvrage comporte de nombreuses approximations et erreurs factuelles à même de tromper le public. En voici quelques-unes.

P. 22 "Une étude parue dans la revue Science suggère que l'augmentation de la température dans l'hémisphère Nord de 1970 à 2000 est peut-être due à l'élimination des poussières de charbon dans l'atmosphère, ce qui a facilité l'ensoleillement. L'augmentation (des températures) n'aurait donc rien à voir avec le CO2", écrit M. Allègre, citant une étude en effet publiée par Science, en mars 2007. Les deux premières phrases de cette publication démentent l'interprétation qui en est faite par l'ancien ministre. "Des tendances notables au réchauffement sont observées dans l'Arctique. Bien que les émissions humaines de gaz à effet de serre à longue durée de vie en soient certainement la cause principale, les polluants atmosphériques sont aussi importants."

P. 68 "Au total, l'Antarctique ne semble pas fondre. En tout cas, ce n'est pas perceptible." La réduction des glaces de l'Antarctique n'est pas due à une fonte mais au glissement des glaciers dans la mer. Elle est très perceptible. Grâce aux données satellitaires, les travaux d'Isabella Velicogna (université de Californie à Irvine, JPL) ont montré qu'entre 2002 et 2006, l'Antarctique a perdu, en moyenne, 104 milliards de tonnes (Gt) de glace par an. Entre 2006 et 2009, ce taux est passé à 246 Gt par an. Les pertes de glaces du Groenland et de l'Antarctique sont l'une des principales causes de l'augmentation du niveau marin.

P. 68 "Au Moyen Age, lorsque les Vikings ont découvert le Groenland, il y avait encore moins de glace qu'aujourd'hui. C'est pour cela qu'ils l'ont appelé le "pays vert"", écrit M. Allègre. L'étymologie proposée est correcte, mais les raisons avancées sont fausses. La Saga d'Erik Le Rouge, (datée du XIIIe siècle) témoigne qu'"Erik (le Rouge) partit pour coloniser le pays qu'il avait découvert et qu'il appelait le "Pays vert", parce que, disait-il, les gens auraient grande envie de venir dans un pays qui avait un si beau nom".

La période chaude du Moyen Age - au moins sur l'hémisphère Nord - est sans équivoque. Mais l'écrasante majorité des travaux de reconstructions paléoclimatiques suggèrent qu'elle était moins chaude que la période actuelle.

P. 73 A propos de l'influence du réchauffement sur les ouragans, "certains spécialistes comme Wester, Tech ou Kerry Emmanuel pensent" qu'elle est réelle, écrit l'auteur. "Wester" est Peter Webster. Quant à "Tech", ce nom n'existe pas. L'auteur a confondu le nom de l'institution de M. Webster (Georgia Tech, diminutif de Georgia Institute of Technology) avec celui d'une personne.

P. 78 L'auteur fait état de travaux montrant qu'il y a 125 000 ans, il faisait "6 °C de plus qu'aujourd'hui, et le CO2 de l'atmosphère était moins abondant". La référence donnée est celle des travaux de "Sine" et de ses collaborateurs, prétendument publiés dans Science en novembre 2007. Cette publication n'existe pas dans les archives de Science.

P. 94 Claude Allègre s'indigne de ce que les travaux de Jean-Pierre Chalon sur les nuages n'auraient pas été pris en compte par le GIEC. M. Allègre cite ce passage d'un livre de M. Chalon : "Ces processus sont encore assez mal compris. C'est une des difficultés majeures et une des principales sources d'imprécision que rencontrent les tentatives de prévision des évolutions du climat. " "Je m'interroge, poursuit M. Allègre. Pourquoi un tel expert n'a-t-il pas été davantage impliqué dans les processus du GIEC ? (...) Réponse : cela fait partie du "totalitarisme climatique". Emettre des nuances, c'est déjà être un adversaire du "climatiquement correct"."

Voici pourtant ce que l'on peut lire dans le résumé du dernier rapport du GIEC : "Pour l'heure, les rétroactions nuageuses constituent la principale source d'incertitude des estimations de la sensibilité du climat."

P. 109 Claude Allègre produit une figure montrant un lien étroit entre plusieurs courbes : celle donnant l'évolution de la température globale moyenne de la basse atmosphère terrestre au XXe siècle, celle de l'irradiance solaire, et deux autres, donnant les variations du magnétisme terrestre.

Cette figure a certes été publiée en 2005, puis en 2007, dans la revue Earth and Planetary Science Letters (EPSL). Mais elle a été clairement réfutée en décembre 2007, pour des erreurs d'attribution de données.

P. 138 Claude Allègre présente comme très forte l'opposition de la communauté scientifique aux conclusions du GIEC. Il écrit : "L'événement le plus significatif est peut-être le vote qui a eu lieu parmi les spécialistes américains du climat. (...) Le 19 octobre 2009, le Bulletin de la Société météorologique américaine en a rendu publics les résultats. Les voici : 50 % d'entre eux ne croient pas à l'influence de l'homme sur le climat, 27 % en doutent. Seuls 23 % croient aux prédictions du GIEC."

Interrogé, Paul Higgins, un responsable de l'American Meteorological Society, se souvient de cette enquête. A ceci près qu'elle ne concernait nullement les "spécialistes américains du climat", mais les présentateurs météo des chaînes de télévision américaines...

Stéphane Foucart

Article paru dans l'édition du 28.02.10

LE MONDE | 27.02.10 |

La liste imaginaire des "cautions" scientifiques enrôlées par l'ancien ministre

À la page 132 de L'Imposture climatique, Claude Allègre écrit : "Il y a, dans divers pays, de nombreux spécialistes climatologues qui, souvent au péril de leur survie scientifique, ont combattu les théories du GIEC." "Je donne donc quelques noms parmi les plus prestigieux, et sans être exhaustif, poursuit-il. Les Scandinaves Svensmark et Christensen, Dudok de Wit, Richard Courtney, Martin Hertzberg, Denis Haucourt, Funkel et Solansky, Usoskiev, Hartmann, Wendler, Nir Shaviv, Syun-ichi-Akasofu."

L'Américano-Israélien Nir Shaviv et les Danois Henrik Svensmark et Eigil Friis-Christensen, spécialistes du Soleil, sont connus pour leurs travaux - très controversés - liant l'activité solaire et les variations climatiques au XXe siècle. Tous les physiciens solaires ne sont cependant pas sur cette ligne, tant s'en faut. Ainsi, Thierry Dudok de Wit (Laboratoire de physique et chimie de l'environnement et de l'espace), également "enrôlé", dit ainsi : "L'influence du Soleil sur le climat terrestre est incontestable et est toujours l'objet de nombreux travaux, mais, depuis le XXe siècle, il est clair que les gaz à effet de serre émis par les activités humaines ont une influence dominante. L'influence de la variabilité solaire est largement secondaire, au moins pour ce que nous en savons aujourd'hui."

Quant à Richard Courtney, également mentionné par M. Allègre, il n'est pas climatologue, mais "consultant indépendant en énergie et environnement", à en croire la page qui lui est consacrée sur le site Web du Heartland Institute - un think tank conservateur américain. Celle-ci précise notamment que "ses réussites ont été saluées par l'association pour la gestion des industries minières de Pologne".

Martin Hertzberg n'est pas non plus un "spécialiste climatologue", mais "consultant en science et technologie" - c'est en tout cas ce qu'il indique en préambule d'un article (sans apport de résultats scientifiques) publié récemment dans Energy & Environment.

ETUDES INTROUVABLES

Autre caution supposée prestigieuse de M. Allègre, "Denis Haucourt" : ce nom est absent des bases de données de la littérature scientifique. Ce spécialiste présumé du climat semble ne pas exister, à moins que l'orthographe de son nom ne soit erronée. De même, interroger l'index de Google Scholar avec le nom d'auteur "Funkel" renvoie à 17 études. Elles portent sur des travaux en dermatologie, en sciences de l'informatique, sur le traitement des appendicites chez des patients atteints de tuberculose... mais aucune ne traite du climat ou même des sciences de la Terre. On cherche aussi en vain les études publiées par un certain "Usoskiev". Elles sont introuvables.

"Solansky" n'existe pas non plus. Mais on reconnaît là Sami Solanki, l'un des plus grands spécialistes mondiaux de physique solaire (Institut Max-Planck de recherche sur le système solaire, Allemagne). Interrogé par Le Monde, M. Solanki réfute avec vigueur les idées qui lui sont attribuées par M. Allègre. "Je ne suis pas opposé aux principales conclusions du GIEC, c'est-à-dire que la Terre s'est globalement réchauffée de 0,8 ° C dans le dernier siècle environ, et qu'une large fraction de cela est due aux gaz à effet de serre émis par l'homme, explique-t-il. En particulier, la forte augmentation de température sur les derniers 40 ans n'est définitivement pas due à la variabilité solaire, mais le plus vraisemblablement, à l'effet dominant des gaz à effet de serre."

Dans la longue liste égrenée par M. Allègre, on trouve aussi Dennis Hartmann, professeur à l'université de Washington. Mais lui aussi réfute son "enrôlement". "Je pense que l'ensemble de preuves présenté par les scientifiques travaillant sur les rapports du GIEC est très convaincant sur le fait que la Terre se réchauffe en conséquence directe des activités humaines, explique-t-il. Et que si nous continuons à augmenter la quantité de CO2 dans l'atmosphère, la Terre continuera à se réchauffer pendant ce siècle."

Egalement sollicité par Le Monde, Gerd Wendler, directeur du Centre de recherche climatique de l'université d'Alaska, autre enlisté de M. Allègre, explique : "Je pense que les changements anthropiques (les gaz à effet de serre et les modifications de paysages) mais aussi les changements naturels détermineront le climat du futur." Et, s'il dément être un opposant farouche au GIEC, M. Wendler ajoute : "Ignorer les changements naturels comme l'a fait le rapport du GIEC est incomplet."

Ailleurs dans son livre, M. Allègre étaye son opinion, très négative, sur les modèles numériques de prévision du climat en convoquant la prestigieuse caution de Carl Wunsch, l'un des plus grands océanographes vivants, professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT). M. Allègre cite ainsi un extrait d'une allocution récemment donnée par M. Wunsch : "Notre insuffisante connaissance de l'océan met toute prédiction du climat à long ou moyen terme hors du champ de la science." Contacté par Le Monde, M. Wunsch se reconnaît dans cette opinion. Mais il tient à ajouter : "Je pense que les modèles ne sont pas pertinents pour prédire le climat, mais qu'ils montrent de manière plausible les conséquences du réchauffement climatique, c'est-à-dire les risques que nous encourons. Et je trouve que ces risques sont extrêmement inquiétants."

Stéphane Foucart

LE MONDE 30.09.97

POLÉMIQUE : L'Américain Alan Sokal face aux « imposteurs » de la pensée française

D'un article-canular, deux hommes de science ont voulu faire un livre qui brocarde la légèreté de la pensée des principaux philosophes français. Invités à réagir, ces derniers dénoncent une tentative anti-intellectuelle et francophobe. Le professeur Alan Sokal, physicien américain de l'université de New York, monte en chaire. Après un article canular publié en 1996 dans une revue universitaire américaine, qui prenait en flagrant délit les hommes et femmes savantes de la pensée « postmoderne » en France Lacan, Deleuze, Kristeva, Baudrillard... , il passe du pastiche à la critique. INTITULÉ Impostures intellectuelles, un livre coécrit avec le physicien belge Jean Bricmont, paraît le 2 octobre aux éditions Odile Jacob. Il met cette fois sérieusement en cause les penseurs français dont les œuvres influencent durablement le discours intellectuel américain. PROLONGEANT un débat déjà engagé dans nos colonnes, Roger-Pol Droit se demande si le soupçon d'incompétence reproché aux philosophes français ne fait pas le lit d'un « scientifiquement correct » à l'argumentaire limité.

ALAN SOKAL en est encore tout plié de rire. Lui-même n'y croyait pas. Lorsqu'il confie à Social Text revue américaine d'« études sociales et culturelles » de l'université Duke (Caroline du Nord) un article bardé de références rédigé dans la ligne et la langue du « relativisme post moderne », les éditeurs n'ont vu que du feu à ce qui était en fait un pot-pourri de citations confuses et dénuées de sens, destinées à flatter leurs présupposés idéologiques et émises par les intellectuels français les plus influents outre-Atlantique : en vrac, Jacques Lacan, Jacques Derrida, Julia Kristeva, Gilles Deleuze et Félix Guattari, Paul Virilio, Jean Baudrillard, Jean-François Lyotard, Michel Serres, Bruno Latour ou Luce Irigaray. L'article paraît en avril 1996 sous un titre joyeusement pompeux : « Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformatrice de la gravitation quantique. » « Ce que je craignais est arrivé : ils ont publié ce texte, malheureusement », rappelle Sokal avec une feinte de dépit bien comprise. Depuis, la parution du canular a fait grand bruit. Pas moins que les « unes » du New York Times, du Herald Tribune, de l'Observer ou du Monde, sans compter les nombreux colloques et débats à New York ou à Boston, mais plus encore et cela donne à penser à Paris.

ABUS D'AUTORITÉ

Ce qu' Alan Sokal et Jean Bricmont ont voulu brocarder dans un pastiche la gangrène du relativisme radical dans les sciences humaines et l'usage fumeux, approximatif et fallacieux que feraient des sciences certains philosophes, sociologues, psychanalystes ou critiques littéraires français , les deux hommes de science proclament leur intention de l'analyser plus méthodiquement. D'un article en forme de farces et attrapes, voilà désormais un livre dont le titre, Impostures intellectuelles, ne trompe personne. La parodie cède la place au passage en revue des parodiés : un par un, Lacan en tête, les « victimes » du canular ont droit presque toutes à un chapitre. Et nul besoin d'être mathématicien pour trouver risibles des citations ainsi extraites de leur contexte, comme : « C'est ainsi que l'organe érectile [...] est égalable à la racine carrée de moins 1 de la signification plus haut produite... » (Lacan), ou cette fameuse phrase à l'honneur dans le canular : « Le Pi d'Euclide et le G de Newton, qu'on croyait jadis constants et universels, sont maintenant perçus dans leur inéluctable historicité. »

En dressant un tel bêtisier pour pointer l'abus d'autorité, les deux savants n'ont pas de mal à mettre les rieurs de leur côté. Mais ceux qui les soutiennent ne sont pas nécessairement réputés pour leur sens de l'humour : notamment, outre le linguiste Noam Chomsky ou le philosophe Paul Boghossian, le Prix Nobel de physique Steven Weinberg, qui dénonce non seulement le mauvais usage des sciences, mais l'absurdité en soi à tirer des conséquences philosophiques ou politiques des théories scientifiques. « Je conçois à la rigueur que la théorie d'Einstein puisse être une métaphore, comme les nuages pour le poète Keats, explique Weinberg, mais absolument rien n'autorise à l'utiliser comme influence philosophique. »

Au-delà de la boutade, Sokal et Bricmont soulèvent une question de fond : comment une certaine pensée française qui fait autorité aux Etats-Unis a-t-elle pu produire de telles dérives relativistes ? Autant qu'intellectuel, le problème est politique. Homme de gauche accusé de faire le jeu de la droite, Sokal se voudrait au contraire le redresseur de torts d'une gauche dévoyée par sa propre volte-face. Une gauche qui ne serait plus fondée par la puissance rationaliste, mais par un subjectivisme et un relativisme épistémiques où la science ferait figure de mythe parmi d'autres. Où serait mis en doute le statut même du fait, où l'opposition ne serait plus entre la vérité et l'erreur, mais entre différents modes de narrations. L'adversaire est tout désigné : les « social studies », bastion américain du multiculturalisme, de la « political correctness » et d'un relativisme déduit, à force d'interprétations abusives, d'une certaine pensée française.

Si le canular tombait à propos aux Etats-Unis, pourquoi donc publier en France, et en France seulement, un livre condamnant des dérives philosophiques qui n'y ont plus lieu ? Quel point commun entre Lacan, Kristeva, Baudrillard ou Irigaray, sinon ce que les « cultural studies » américaines en perçoivent, en les regroupant sous la catégorie inexistante de « post-modernisme » ? « Quelle est l'intention d'une telle polémique, si loin des préoccupations actuelles ?, se demande Julia Kristeva. Cela correspond à une entreprise intellectuelle antifrançaise. Face à l'aura des penseurs français aux Etats-Unis, la francophilie a cédé le pas à la francophobie. » Une façon de « botter en touche » ? En attendant, les victimes de Sokal et Bricmont sont bel et bien prises la main dans le sac. « Et alors ? », diront même les scientifiques, au rang desquels le physicien Jean-Marc Lévy-Leblond : « Pour qu'il s'agisse d'"erreurs", il faudrait que ces phrases constituent l'élément-clé d'un discours démonstratif. Ce n'est pas le cas. Les "erreurs" sont plutôt des abus d'interprétation ou des dérapages qui ne prêtent pas à conséquence. »

DÉVALUATION INTELLECTUELLE « Les scientifiques auraient-ils un rapport privilégié à la vérité ?, renchérit la mathématicienne Françoise Balibar. Si un de mes élèves faisait le schéma de Lacan pour illustrer le stade du miroir, je mettrais zéro. Mais quelle importance ? Lacan aurait trouvé une autre métaphore, son raisonnement eût été le même. » C'est l'usage de la métaphore que revendique Julia Kristeva comme l'avait fait Barthes (Critique et vérité) en réponse aux attaques lancées par Raymond Picard dans un livre aux accents déjà sokaliens : Nouvelle critique, nouvelle imposture , au nom de la spécificité de la démarche des sciences humaines : « Celles-ci utilisent les références autrement que comme sciences exactes : non comme modèles mais comme métaphores au travail. La science des sciences humaines n'a jamais été pure. Elle introduit une subjectivité plus proche de la littérature que de la science. »

Philosophe des sciences, Isabelle Stengers, pourtant peu amène envers les « post structuralistes » ou les « post modernes » et que le canular avait fait « rigoler », va plus loin en attaquant Sokal et Bricmont sur leur propre terrain : la science, loin d'être « pure », userait elle-même du langage comme d'une métaphore : « Quand les scientifiques, pour désigner le "système dynamique à coefficient de Lyapoulov positif" utilisent le terme moins scientifique de "chaos", cela paraît humain. Mais une fois qu'ils se le sont approprié, ils voudraient que plus personne n'y touche. »

Il s'en est fallu de peu que le tour soit joué, si Sokal et Bricmont s'en étaient tenus à leur objet initial. Mais sous prétexte de régler leur compte aux dérives obscurantistes de la pensée de 68, ils répondent par une opération scientiste de dévaluation intellectuelle. Un prétendu « retour aux Lumières » fait d'oppositions rigides (préjugé / vérité, illusion / connaissance, mythe / science) qui n'est pas dépourvu d'implications politiques. La vraie victime, c'est la pensée. « L'héritage du XXe siècle nous impose aussi une critique de certaines illusions des Lumières et celle d'une croyance trop naïve dans le progrès », remarque le philosophe Alain Finkielkraut (dont Alan Sokal sera, avec Michel Deguy, l'invité de son émission « Répliques », sur France-Culture, le 11 octobre). Quant au sociologue Bruno Latour, il notait dans Le Monde du 18 janvier que l'on « ne saurait faire appel à une notion ancienne de la gauche pour sauver une conception de plus en plus décalée de la science ».

En somme, la guerre menée par Sokal et Bricmont sent vaguement la naphtaline. Elle sonne comme une vieille rengaine, la réponse ressassée du berger à la bergère, des scientifiques aux moins scientifiques, des sciences « dures » aux sciences « molles » c'est-à-dire humaines.

MARION VAN RENTERGHEM

Entre recherche et imposture

Dimanche 31 octobre 2010

12h10 dans mon bureau

Entre recherche et imposture

Je me suis longtemps posé la question du lien entre la recherche et les références bibliographiques. En cherchant dans les archives du MONDE, j’ai trouvé trois articles (voir ci-dessus). Quelques réponses se font jour suite à la lecture des deux premiers articles sur les écrits de Claude Allègre (chercheur et ancien ministre de l’éducation et de la recherche).

Une source doit être fiable, il ne me semble pas possible intellectuellement et éthiquement de référencer des auteurs ou travaux n’existant pas. Cela est une imposture pour moi. Depuis mon entrée en Licence, l’accent est mis sur le plagiat et la fiabilité des sources. C. Allègre quant à lui fait fi de ces règles. Effectivement je ne peux pas faire dire ce que je veux à un auteur, à un article scientifique en « bafouant » sa pensée.

Pour moi, une source scientifique doit m’éclairer sur l’objet de ma recherche, m’aider à vérifier si mon hypothèse de base est « vrai » ou « fausse », voir si le sujet a été traité, et sous quel angle. En aucun cas je me dois de manipuler l’écrit d’autrui ou lui faire dire ce dont j’ai besoin afin d’étayer ma recherche.

Certes, je peux partir sur des travaux qui seront contradictoires avec mon hypothèse, mais c’est un risque à prendre dans toute recherche (du moins tel est le spectre dans lequel je travaille).

jeudi 28 octobre 2010

"Communication soignant-soigné, repères et pratiques"

Vendredi 29 octobre 2010

2h30 dans mon bureau avec du café

Bioy, Antoine. 2009. La communication entre soignant et soigné repères et pratiques. 2 éd. [Rosny-sous-Bois]: Bréal.

Suite à la lecture de cet ouvrage, je désire mettre en exergue certains concept dont j’aurais l’utilité dans mon mémoire.

En préambule, je note qu’il n’existe pas de recette miracle pour communiquer avec un patient hospitalisé. Ses repères ne sont plus là, sa posture diffère (dans la plupart des cas). A mon sens cet ouvrage est destiné aux élèves infirmier afin de les pousser à la réflexion sur certains thèmes. Je suis vieux routard avec presque trente d’expériences professionnelle. Durant ce laps j’ai tout entendu sur la façon de communiquer, jusqu’à « vous êtes aide soignant ne perdez pas de temps à parler avec le malade ».

A mon sens la relation est une des bases fondamentale de mon travail, et peut être encore plus depuis que je travaille de nuit.

Pour en revenir à l’ouvrage, dans la communication comme dans le soin il faut pas perdre du vu « l’être dans sa globalité ». Je ne dois pas le réduire à une pathologie, mais bien prendre en compte ses émotions, son histoire et affects. Peut être que là est la différence essentielle entre l’homme et l’animal.

Dans notre société l’homme n’apprend à nommer ses émotions :

  • · L’anxiété.
  • · La peur.
  • · L’angoisse…

Le fait de poser des mots sur ses maux est important dans la prise en charge du malade. Le médicament ne peut pas tout, la parole et l’écoute permettent (dans certains cas) de voir diminuer une partie des symptômes. J’ai trop entendu dire d’une patiente : « Celle-ci est hystérique. », mais ce mode de communication peu cacher tout autre chose. Une collègue récemment m’a dit avoir eu affaire à un cas similaire, et le diagnostic est tombé quelques jours plus tard : la patiente était en occlusion.

Je ne dis pas que le soignant doit devenir psychothérapeute pour décoder une parole, mais à un certain moment, il faut savoir passer le flambeau à un autre professionnel formé à la communication : tel un psychologue ou un psychiatre.

Il me faut être en capacité d’entendre car je ne peux pas communiquer de la même façon si le patient est :

  • · Toxicomane.
  • · Alcoolique.
  • · Anorexique ou boulimique.
  • · En fin de vie.
  • · En phase algique aiguë, chronique.
  • · En dépression …

Donc dans mon mémoire de fin d’études, il me faudra prendre en compte la pathologies du patient.

Mais, me semble t-il, pour être au claire avec une requête, je dois reformuler la demande du patient pour être certain d’y répondre au mieux dans les limites données par l’institution :

Je prendrais pour exemple la demande d’un patient de nuit faite à une collègue. Celui-ci, lors des soins de minuit à demander que l’infirmière lui face une fellation. Au dire de celle-ci, ce n’était pas une plaisanterie.

Donc il n’est pas possible de tout entendre et de répondre à tout. Chacun a ses propres limites en terme d’écoute et de communication. J’y reviendrais plus en profondeur lors de la rédaction de mon travail d’analyse pour mon mémoire.


mercredi 27 octobre 2010

Présentation des EC du 1 er semestre

Jeudi 28 octobre 2010

3h50 dans mon bureau

L’année universitaire commence

Hier j’ai reçu mes codes provisoires pour accéder à la plate forme de l’IED. Jai aussi tiré le guide l’étudiant pour voir le contenu des EC. Voici donc les cours ou je suis inscrit pour le premier semestre :

Avertissement : toutes les présentations des cours sont issues du guide de l’étudiant M2 mis en ligne sur la plateforme de l’IED.

UE1 : EC1

Apprendre et d’éduquer en dehors et aux marges de l’école : Gladys Chicharro et

Lucette Colin

Descriptif :

Ce séminaire aura pour objet de réfléchir à l’articulation ou à la tension existant entre les apprentissages scolaire et non scolaire ou périscolaire, renvoyant à ce que l’on nomme des situations d’éducation formelle et d’éducation informelle. Nous présenterons, à titre d’exemple, deux recherches issues de contextes différents. Dans un premier temps Gladys Chicharro présentera son travail sur l’apprentissage de la lecture et de l’écriture par les jeunes chinois tant dans le milieu scolaire que hors de celui-ci. La transmission de la « literatie » est généralement perçue comme relevant avant tout de l’école, même si certaines familles y interviennent de manière active. Cependant les enfants vivent actuellement au sein d'un environnement écrit très abondant. La rue, ou les lieux de cultes par exemple représentent également des endroits dans lesquels les enfants ont accès à d'autres formes d'écriture. De plus aujourd’hui, du fait de la révolution numérique, les enfants apprennent aussi très tôt, et généralement sans l’aide d’adultes, à maîtriser une nouvelle forme de savoir écrire grâce à une utilisation ludique des nouvelles technologies (messageries instantanées, textos). Ces nouvelles compétences sont d’ailleurs bien souvent stigmatisées au sein de l’institution scolaire. Il s’agira ici de comprendre comment entre pairs, les enfants se réapproprient ainsi l’écriture et le pouvoir qu’elle confère. La particularité des caractères chinois qui supposent un mode de saisie à l’ordinateur spécifique, et le contexte politique local rend cet exemple d’autant plus révélateur.

Dans un second temps, Lucette Colin présentera un travail de recherche sur le dispositif Voltaire soutenu par l’institution scolaire permettant à des jeunes en classes de second de séjourner 6 mois à l’étranger durant leur temps de scolarité avec accueil dans une famille et intégration dans un lycée du pays. Il s’agira de comprendre les apprentissages complexes que les jeunes mettent en avant, que l’expérience ait ou non été positive, nous conduisant à dire que ce dispositif éducatif remplit aussi une fonction initiatique d’entrée dans la vie. Nous verrons que ce potentiel de formation est intrinséquement lié à une expérience d’autonomie exceptionnelle permettant au sujet dans cette traversée des frontières culturelles et symboliques où le quotidien revêt une grande importance d’être autrement présent à son mode de subjectivation. Néanmoins, cette construction et mise en oeuvre de connaissances et de compétences se dissocient in fine du lieu scolaire, incapable d’inscrire ce séjour en son sein autrement que comme une parenthèse et de reconnaître des apprentissages qui se jouent hors institution, laissant aux familles et au groupe des pairs le soin d’accueillir ou non cette expérience.

Modalités de validation : Devoir écrit

. Bibliographie

- CHICHARRO Gladys, 2001« Devenir chinois en apprenant à lire et à écrire », Ateliers

Chiner la Chine, n° 24, Nanterre, p. 87-124, http://www.mae.uparis10.fr/ateliers/pdf/Chicharro24.pdf.2005 « Corps, rites et écriture dans les écoles

primaires chinoises », Actes du Deuxième Congrès International du Réseau Asie, 8 pages, http://www.reseau-asie.com.

- CHICHARRO Gladys 2008, « Qban yuwen : Histoire d’un manuel chinois alternatif », in B. Baptandier & G. Charuty (dir.), Du corps au texte, approches comparatives, Nanterre,

Société d'ethnologie, p. 263-291.

- CHICHARRO Gladys 2010 Le fardeau des petits empereurs, Nanterre, Société

d'ethnologie

- G. Bougère, L. Colin, H. Merkens, H. Nicklas, M. Perrefort, V. Saupe, 2006, L’immersion dans la culture et la langue de l’autre. Une recherche évaluative du programme Voltaire

www.ofaj.org/paed/texte/immersion/immersion26.html

- COLIN, Lucette, 2008, « Traverser les frontières : une éducation tout au long de la vie ? », in L’éducation tout au long de la vie, sous la direction de L. Colin et J-L. Le Grand, Paris, Anthropos/Economica

- COLIN, Lucette, 2009, « Les séjours à l’étranger : apprendre malgré l’institution scolaire ? » in Apprendre de la vie quotidienne, sous la direction de G. Brougère et A-L. Ulmann, Paris, PUF.

.UE1 EC2:

Théories des moments et construction de la personne. Quels possibles ? Remi Hess


. Descriptif :

Ce cours tente de présenter une nouvelle théorie de la personne. On renonce à l'idée d'identité unifiée du sujet. On croit à la diversité des moments de la personne qui se construit dans des communautés de référence et des mondes différents, souvent contradictoires. On abordera la théorie de la dissociation de G. Lapassade, la théorie de la transduction de R. Lourau, nous opérerons un dépassement hégélien de ces efforts dans une nouvelle théorie des moments. Pour construire cette théorie, nous referons le détour par la pensée kantienne, hégélienne, marxienne et lefebvrienne. Nous montrerons l'apport de la notion de transversalité (Guattari) et d'implication (analyseinstitutionnelle).

Une fois décrits les moments de la transversalité de la personne, se posera la question de la tension entre chaque moment et l'idée d'une totalité qui pourrait constituer l'horizon de la personne.

. Modalités de validation

Présentation d’un journal de recherche.

. Bibliographie

- BOUMARD Patrick, LAPASSADE Georges, LOBROT Michel, 2006, Le mythe de

l’identité, éloge de la dissociation, Paris, Anthropos, préface R. Hess et G. Weignad.

- GUATTARI Félix, 1973, Psychanalyse et transversalité, Paris, Maspéro.

- HESS Remi, 2009, Henri Lefebvre et la pensée du possible, Théories des moments et

construction de la personne, Paris, Anthropos.

- LEFEBVRE Henri, 2009, La somme et le reste, 4e éd. Paris, Anthropos

- LOURAU René, 1997, Implications, transduction, Paris , Anthropos.

UE2:

· séminaire extérieur.

UE3, EC1:

Interventions éducatives et sociales : Patrice Ville.

Descriptif

Cet enseignement est centré sur les principes et méthodes utilisés pour mener à bien une intervention socianalytique institutionnelle. Il prend appui sur mon expérience d'intervention depuis 1973 tant dans le secteur pédagogique, sanitaire et social, politique (démocratie participative) que dans le monde industriel (PME et parc nucléaire). La particularité de mes dernières interventions est de s'articuler sur une assemblée informatique permanente comprenant jusqu'à 300 membres.

Cet enseignement est utile à toute personne susceptible de se voir impliquée dans la construction ou la conduite d'un projet, ou la résolution d'une crise. En effet, il s'agit d'une présentation d'instruments théoriques et pratiques permettant d'analyser des enjeux et des forces institutionnelles, leur dynamique, les processus de légitimation et de délégitimation à l'oeuvre; et de placer intelligemment sa propre intervention dans ce champ complexe et mouvant.

· L'enseignement comporte 14 présentations :

· 1) Intervenir = conduire un processus

· 2) Pour conduire un processus il faut analyser l'institution de l'analyse

· 3) La commande, les demandes - Principe clinique

· 4) Entretien non directif - Principe de non savoir - savoir profane

· 5) Analyse de contenu - principes de liaison: les socio-logiques (l'analyse thématique ne sert pas

· l'action)

· 6) Analyseur - principe de dérangement

· 7) Forces sociales et formes sociales - Crise et critique

· 8) La dialectique Hégélienne

· 9) Le concept d'Institution et ses trois moments

· 10) Dispositifs socianalytiques: forme, lieu, temps, écrit, oral, informatique

· 11) Dispositifs socianalytiques: champ d'analyse, champ d'intervention, commande, demande,

· stratégies d'implication, stratégies de communication

· 12) L'intervenant - principe de triangulation, lien social, principe d'équivalence (rechercheaction)

· 13) Travail du staff : résistances, transferts et contre-transferts

· 14) Conclusion: le renversement de la place du sociologue (car le contrôle porte sur l'intervenant

· : implication, distanciation, engagement)

Modalités de validation ; Choisir un des points. Le présenter et le relier à votre travail de mémoire. Ce texte devra pouvoir s'insérer dans le texte de votre mémoire.

UE4 EC2

Entrée dans l’écriture : le journal de recherche : Remi Hess

Descriptif :

Le journal est utilisé par les chercheurs de nombreuses disciplines : sociologie, anthropologie, psychosociologie, analyse institutionnelle. On explorera les différents moments du journal de recherche: restitution du travail de terrain, notation des lectures s'inscrivant dans la problématique de recherche, conceptualisation (passage du vécu au perçu puis au conçu), l'exploration des rapports du chercheur à son objet, difficultés rencontrées au cours de la recherche.

Pour illustrer cette présentation, nous reprendrons quelques journaux de recherche classiques (Leiris, Lapassade). Nous relirons le livre de R. Lourau sur le journal de recherche.

.Modalités de validation : Présentation du journal d’exploration.

. Bibliographie :

- HESS Remi, 1989, Le lycée au jour le jour, ethnographie d’un établissement d’éducation,

Klincksieck (version numérique disponible)

- HESS Remi, 1998, La pratique du journal, Paris, Anthropos

- HESS Remi, 2010, La pratique du journal : 2° édition augmentée, Paris, Téraède

- LAPASSADE Georges, 2008, De Vincennes à Saint-Denis, Paris, AISF

- LEIRIS Michel, 1933, L’Afrique fantôme, Paris, Gallimard

- LOURAU René, 1988, Le journal de recherche, matériaux pour une théorie de l’implication,

Paris, Méridiens-Klincksieck (une version numérique est disponible).

UE5

· Présentation et développement du projet de recherche.

La relation soignant soigné[1]

Mercredi 27 octobre 2010

· 5h05 dans mon bureau

Suite à la lecture de ce livre quelque réflexions me viennent et qui sont directement en lien avec mon sujet de recherche :

· Relation et rôles social : Je peux remarquer que depuis presque trente ans de travail en structure hospitalière la fonction d’aide-soignant est de moins en moins reconnue par l’usager. Celui-ci entre dans une dimension de consommation du soin. Tout et tout de suite, un peut comme pour faire ses courses au supermarché. Il peut arrivé que l’usager ne connaisse pas le rôle de chacun (surtout la nuit). Comment faire la différance entre une infirmière et un aide soignant, même lorsque nous nous sommes présenté auprès de lui en début de nuit.

Il ne faut pas oublier la dimension d’équipe et la continuité des soins. Le temps des transmissions a diminué de plus de 50% en trente ans. Nous ne disposons que de 15 minutes pour cette partie importante d’échange entre équipes de nuit/jour/après-midi. De ce fait les équipes de nuit sont un peut marginalisées car ayant peu de rapports avec le restant des soignants. Je ne parlerais même pas du fait que le chef de service, le praticien hospitalier, ne peuvent mettre un visage sur le nom d’un agent de nuit.

Dernier détail et non des moindres à mon sens : en alsace on dit pas infirmière ou aide soignant de nuit mais veilleur, cela dénote le manque de reconnaisse du travail de nuit par la hiérarchie.

· L’auteur de l’ouvrage met en avant le rôle d’un groupe de supervision. Effectivement, à mon sens je ne suis pas soignant par azzard ? je me suis demandé quelles étaient les raisons me poussant à vouloir « réparer » l’autre ? réparer l’autre n’est-il pas une façon de me réparer à moindre mal : c’est à dire que cela me permet de nier ma propre souffrance en prenant celle de l’autre en charge.

Du faite de toutes ces question j’ai mis en place un lieu non institutionnel de supervision afin d’y amener et travailler mes pratiques professionnelles, qui souvent (dans mon cas) sont à relier à mon histoire personnelle et familiale.

Je pense nécessaire, voire indispensable la mise en place de tels groupes de façon institutionnelle. Cela peut amener à mieux vivre son travail et à faire face à des situations difficiles comme : la mort, le conflit entre patient/soignant mais aussi soignant/soignant. Pour moi la base de tout est la parole, l’échange voire dans certaines situations la négociation avec un contrat moral permettant une prise en charge de l’usager.



[1] Manoukian, Alexandre. 2008. La relation soignant-soigné. 3 éd. Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine): Lamarre.

mardi 26 octobre 2010

De retour d’urologie

Lundi 25 octobre 2010

Extrait de mon journal de bord

12h dans mon bureau


Je me suis levé de bonne heure car la douleur m’a réveillée. J’arrive au Nouvel Hopital Civil (NHC) tôt afin de pas trop attendre pour la consultation. Mon premier problème a été de trouver une place pour me garer, rein. Je refais le tour sur les divers parkings et enfin je trouve une place.

Le NHC est un grand hôpital (plus de 1000 lits). Un hall d’entrée imance et là je suis perdu, ou est la consultation d’urologie ? A l’accueil un agent me dit tourné à droite couloir bleu au fond. Je suis perdu, je trouve cet hôpital froid, non accueillant de part le choix de couleurs des zones…Je suis soignant donc cela ne m’étonne pas. Mais qu’en est-il de l’usagé ? C’est souvent sa première image de l’hopital.

J’arrive enfin à la consultation, l’interne me fait examen clinique et un début de diagnostic tombe :

· Cancer du testicule droit (mais elle désire l’éliminé, le tableau ne correspond pas tout à fait).

· Ou épididymite chronique :

L'épididymite (inflammation de l'épididyme) aiguë est une infection de l'épididyme, généralement causée par des bactéries. L'épididymite peut se propager aux testicules. On parle alors d'orchi-épididymite Cette maladie est très douloureuse, mais elle guérit rapidement si elle est traitée correctement par des antibiotiques et des décongestionnants. Non traitée, la maladie peut devenir chronique et entraîner la stérilité du patient.[1]

Pour en revenir à la relation patient/soignant, je peux dire que mon cas que le fait d’être du personnel à certainement facilité et accéléré les choses. Je ne pense pas être sur le même pied d’égalité qu’un patient X. Je dit cela parce que après ma consultation l’interne demande une échographie de contrôle pour jeudi matin à 8h15 avec le chef de service. Elle insiste lors de la prise de rendez-vous et elle demande que cela soit fait très rapidement.

Il est rare qu’un chef de service consulte aussi rapidement, il faut prendre son rendez-vous très en avance. Donc le fait d’être soignant a facilité ma prise en charge. Je serais hypocrite de ne pas dire que cet état de fait m’arrenge, mais en même temps il me choque. Le patient X doit passer par le parcours du combattant avant de voir un chef.

Rationnellement tout c’est bien passé, l’interne m’a tout expliqué, fait un schéma, elle a pris du temps pour moi, alors qu ‘elle sortait de garde et avait le staff du matin pour présenter les cas difficiles qu’elle a eu à prendre en charge durant la nuit.

Pour moi c’est aussi ça la médecine à deux vitesses, pourtant dés le début je n’ai pas dit ou je travaillais, qui j’étais afin de pas être privilégié par rapport aux autres consultants. Je m’interroge donc sur ma prise en charge (une fois de plus qui a été excellente).



[1] http://santeweb.ch/santeweb/Maladies/khb.php?Inflammation_de_l_epididyme_epididymite&khb_lng_id=2&khb_content_id=16547

De l’autre coté du miroir

Dimanche 24 octobre 2010

Extrait de mon journal de bord

8h du matin dans mon bureau

Nous avons un week-end chargé en travail. Mlle H est entrée chez nous pour rééquilibrage de diabète et douleur abdominale. Nous avons des des problèmes de communication avec elle. Elle à 22 ans, née au Maroc mais en France depuis l’age de un an. Elle poursuit des études en France.

Dans la nuit elle nous demande des antalgiques toutes les heures, dit ne pas pouvoir se mouvoir. Ma collègue et moi pensons avoir recours à une collègue du service d’en face du notre pour lui parler en kabyle, langue que nous pensons affective pour elle. Effectivement cela fonctionne et la patiente veut ne plus hurler et se déplacer dans le service en franchissant les barrières de son lit. Notre préoccupation et sa sécurité, qu’elle ne tombe pas.

Vers 4h30 du matin je commence à avoir des douleurs au niveau du bas ventre, et je ne peux plus marché. Je vais aux urgences voir une interne pour me faire faire une échographie (mon médecin traitant pensait à une torsion testiculaire). L’examen clinique et l’échographie de donnent rien. Je suis donc arrête pour le reste du Week-end.

Tout est allé très vite dans ma prise en charge, peut-être parce que j’étais encore habillé en soignant. Lors de l’examen j’ai dû me mettre nu devant une interne que je connais et je me suis posé la question de pudeur. Comment moi même suis-je amené à respecter cette pudeur quant je suis soignant ? Souvant dans l’urgence les gestes techniques : comme faire plier une jambe pour recouvrir le patient passe au travers de mes pratiques car plusieurs personnes sonnent en même temps.

Pour conclure, je dirais que je suis resté à ma place d’usager, car quant je suis malade je ne suis plus soignant.

Il me faudra aller consulter lundi matin en urologie à l’hopital civil à 8h du matin.

jeudi 21 octobre 2010

Séminaire exterieur

vendredi 22 octobre 2010

· 4h04 dans mon bureau en pleine insomnie

Séminaire extérieur

La figure du pervers. Qu’est-ce que ça cache ? Qu’est-ce que ça dévoile ?

Pourquoi avoir choisi ce séminaire ? Je désire le rattacher à la problématique de mon sujet de recherche : la dégradation des relations patients/soignants. Je parts de l’hypothèse que la nouvelle gouvernance mise en place dans mon établissement et la dénomination de l’usager passe à celle de client, peut pervertir les relations. Comme j’ai pu le dire le terme de client n’induit pas les même demandes que celle d’usager.

Le séminaire a put m’éclairer sur l’aspect de ma recherche, mais aussi pointer d’autres problématiques aux quelles je n’avais pas pensé.

Le terme de pers remonte au 12e siècle, donc ce n’est pas un concept nouveau. Il est à noté que le pervers est tourné vers le mal, eue dans son mécanisme il est amené à pervertir quelqu’un (ou quelque chose : comme une institution). Il est possible d’élargir le cadre de la réflexion au cadre moral et social : par exemple la perversion peut amener à l’addiction (au sens large). Addition à certains produits licites comme l’alcool, ou illicites comme les produits stupéfiants.

J’ai noté trois sortes de pervers :

  • Le pervers normal : est celui qui peut se débrouiller sans dépendre des autres, sans faire trop souffrir.
  • Le pervers psychosexuel : rattaché à des pratiques comme le voyeurisme, fétichisme…A ce sujet lire Freud : trois essais sur la sexualité.
  • Le pervers narcissique : n'éprouvent aucun respect pour les autres, qu'ils considèrent comme des objets utiles à leurs besoins de pouvoir, d'autorité, ou servant leurs intérêts.

Dans ces trois cas de figure il est à noter qu’il existe deux constantes communes qui est le rapport à la jouissance, et il ne fonctionne pas seul.

En ce qui concerne la perversion je peux noter qu’il y a eu glissement de sphère privée au domaine du droit. Il existe un cadre légal qui est pris en compte par le législateur dans certains cas.

Pour la perversité entre jeu trois postures :

  • · La connivence.
  • · La complicité.
  • · Le secret.

Entre morale et symptôme :

La norme peut être définie entre autre parce qui fait trace en nous (en soi). A ce stade du séminaire je me suis demandé quelle était la perversion qui est en moi ? Ce qui pose la question de la limite, de ma limite. Par exemple suis je dans l’obligation professionnelle de répondre à toutes demandes de l’usager, et quelles limes me suis-je fixé afin de resté dans le cadre légal de mon travail. Certes je suis soignant, au service de l’autre mais cela n’induit pas de répondre à tout de façon affirmative. Par exemple mon travail consiste entre autre à autonomiser l’usager, ne pas le rendre dépendant de moi, dans les actes de la vie quotidienne. Il me semble qu’un usager ne doit pas sortir du service plus dépendant que lors de son admission à l’hôpital. Je pars du principe que se que peut faire un usager seul (toilette, alimentation…) doit rester en place. Je n’ai pas à me substituer à lui. Bien souvent il est plus facile de faire à la place du patient pour gagner du temps. Cela dénote pour moi une des perversion du système hospitalier. Il faut gagner du temps afin d’accomplir le travail prévu sur une journée (ou nuit) de travail afin de répondre à la commende de l’institution. Ce que veux dire ici c’est que je suis confronté à une contrainte de temps pour effectuer mon travail dans un délais imparti, donc il m’est plus facile de faire à la place de l’autre que de le laisser faire. Est-ce là une perversion induite par l’institution ? une perversion de ma part pour me faciliter le travail ?

Une dernière notion qui fait écho en moi est : le refus de la norme. Dans mon domaine professionnel tout est protocolisé, normé. Parfois je trouve que c’est au détriment de l’usager, de son confort. Il m’arrive donc de ne pas répondre à demande institutionnelle. Comme j’ai pu le mettre en exergue plus haut mon but et d’autonomiser le plus possible l’usager, afin de ne pas l’infantiliser, le rendre dépendant de moi. Cela n’est toujours pas possible de mettre en place une stratégie de soins permettant d’atteindre ce but. Je suis partager entre se que demande l’institution, ce que demande l’usager et ma propre éthique. Je reviendrais plus détail sur cet aspect dans mon mémoire de fin d’étude.

La fabrique de l’homme pervers :

Une petite phrase au détour d’un exposé m’a interpellée :

« Se que la société ne peut expliquer c’est la médecine qui le fait »[1]

Il faut bien dire que dans cette partie du séminaire je me suis un peu perdu, je n’ai pas tout compris. L’intervenant a mit en exergue la fonction du père. Fonction du père : abandonner la toute puissance/jouissance, fusion avec la mère Absence de la position du Père ; perversion ; matriarcat. Pour lui le père doit donner un cadre, permettre à l’enfant de couper « le cordon » avec la mère. Donc nous nous retrouvons dans la même problématique de l’autonomisation, et non créer un lien de dépendance. Il me faudra creuser cela par des lectures (Freud par exemple).



[1] Barbier, Dominique, psychatre et expert-psychatre.

mardi 19 octobre 2010

Extrait de mon journal de bord

Vendredi 15 octobre 2010


Dans mon bureau


Week-end du 8 au 10 octobre 2010


Week-end particulier


Il arrive que pour des raisons particulières le personnel de nuit échange des nuits entre eux. Cela a été cas ce Week-end. J’ai donc travailler avec infirmière du contre roulement (par définition nous ne nous croisons jamais et ne nous connaissons pas)

Il a donc fallu que je m’adapte à ses pratiques de travail que je trouve particulières. Avec elle il y a dichotomie entre aide soignant et infirmière au niveau de taches à effectuer. Et la dichotomie ne va pas de pair avec la législation dans son cas.

Au départ elle a une formation de médecin urologue dans un pays de l’Est, parlant mal le français elle n’a pas pu passer les équivalences lui permettant de travailler comme médecin. Dans un premier temps elle a occupée un poste d’aide soignante de jour, jusqu'à ce que’elle parle et écrive le Français un peu mieux afin de passer une équivalence comme infirmière. Aujourd’hui elle travaille de nuit.

Notre premier contact a été un peu rude, elle ne comprenait pas la façon que j’ai de fonctionner avec mon binôme habituel. Donc elle m’a demandé de préparer et distribuer les médicaments de nuit au patients sans vérifier si je ne m’étais pas trompé. Dans le cadre de mon travail les textes sont clair :

« Pour quelles raisons la distribution des médicaments par les As est possible alors même qu'il ne s'agit pas réellement du rôle propre de l'infirmier et ne fait pas partie de la formation des As ?

Pour commencer, il convient de reprendre les textes puis d'analyser les textes relatifs à ce glissement de tâches de la distribution des médicaments par les As sans oublier de rappeler les limites et les précautions à prendre. »

Textes de référence

  • Le décret du 27 juillet 2004 définissant les actes de la profession infirmier: article R 4311-4 CSP : définition de la notion de collaboration
  • La circulaire 96-31 du 19 janvier 1996 relative au rôle et aux missions des aides-soignants et auxiliaires de puéricultures dans les établissements hospitaliers ;

  • Collaboration dans les soins d'hygiène (hygiène corporelle, alimentaire, aider à l'installation des patients pour les repas etc.),
  • Collaboration dans la surveillance des patients (identification des changements des comportements du patient et information de l'infirmier en vue d'une action sur les soins à adapter),
  • Collaboration dans l'aide apportée aux personnes ayant perdu leur autonomie (habillement, repas etc.),
  • Collaboration dans l'hygiène du patient et de son environnement.
  • Arrêté du 22 juillet 1994 (modifié par un arrêté du 13 avril 2001 substituant à la notion de certificat celle de diplôme professionnel d'aide soignant) relatif au certificat d'aptitude aux fonctions d'aide-soignant et certificat d'aptitude aux fonctions d'auxiliaire de puériculture ;
  • Décret n°89-241 du 18 avril 1989 portant statuts particuliers des aides-soignants et des agents des services hospitaliers de la fonction publique hospitalière précise à l'article 2 ;


« Le corps des aides-soignants comprend les aides-soignants, les auxiliaires de puériculture et les aides médico-psychologiques. Les aides-soignants […] collaborent à la distribution des soins dans les conditions définies […] » à l'article 4 du décret du 11février 2002 relatif aux actes professionnels et à l'exercice de la profession.En principe, à la lecture des textes : la circulaire du 19 janvier 1996 et de l'arrêté 94-626 du 22 juillet 1994 relatif à la formation des aides-soignants, la sollicitation des aides-soignants est limitée aux soins de confort, de surveillance et d'hygiène des patients .Cependant, deux textes, entre autre, sont venus s'ajouter et rendre « légale la distribution des médicaments par les AS » dans les établissements ou un service à domicile à caractère sanitaire, social ou médico-social. ».

Source :http://www.infirmiers.com/profession-infirmiere/legislation/la-collaboration-aides-soignants-infirmiers-quiz-sur-la-distribution-des-medicaments.html

Donc selon ce texte j’étais en infraction avec la loi et c’était ma responsabilité qui était en jeu et non celle de l’infirmière ou de l’institution.

Dimanche soir à 20h30 je lui fais part de mes doutes, elle me répond qu’elle connaît son travail et que c’était à moi de venir la voir pour vérifier les médicaments que j’avais préparé. Il me semble que les rôles ont été inversé, si elle désirait que je prépare les somnifères elle aurait du de son propre chef les vérifier.

Notre communication verbale à été réduite à son strict minimum à cause de la barrière de la langue. Parfois elle ne comprenait pas ce que je demandais ou disais, j’ai « donc baissé les bras » et laissé passé le week end comme il avait commencé.

Quelques pistes :

Suite à mon week end de travail j’ai essayé de travailler sur le sujet en séance de psychanalyse pour savoir où j’en suis de mon travail, dans mon travail et ma posture d’aide soignant.

Lors de la séance c’est fait jour une fois de plus que l’institution est lourde à porter pour moi. Il y a un cadre légal qui est mis en avant par l’encadrement mais quand cela l’arrange, comme cela a été le cas sur soi disant mes écarts de langages envers les usagers. Rien ne se dit sur le glissement de taches la nuit, et cela porte à confusion quant à la fonction de chacun face aux patients. Souvent on me prend pour un médecin ou un infirmier, il n’est pas envisageable qu’un homme puisse être aide soignant. J’analyse cela par le fait que les soins ont été dispensés durant des années par des religieuses, puis les école d’infirmières ont été ouverte, seule des femmes y allaient se former.

En outre cette profession est toujours hautement féminisée, dans l'inconscient populaire ne parle t-on pas d’infirmière, d’aide soignante. Cela renforce mon mal être au travail, il arrive que la nuit des patients m’appelle madame, car ils n’imaginent pas qu’un homme travaille de nuit.

dimanche 17 octobre 2010

Concepts dont j’ai besoin pour mon mémoire

Lundi 18 octobre 2010
7h00 dans mon bureau toujours sans sommeil


" Contre-transfert : Ensemble des réactions inconscientes de l’analyse à la personne de l’analysé et plus particulièrement au transfert de celle ci. P 103 Laplanche et Pontalis.
Transfert : Désigne, en psychanalyse, le processus par lequel les désirs inconscients s’actualisent sur certains objets dans le cadre d’un certain type de relation établi avec eux et éminemment dans le cadre de la relation analytique.
Il s’agit là d’une répétition de prototypes infantiles vécu avec un sentiment d’actualité marqué.
C’est le plus souvent le transfert dans la cure que les psychanalystes nomment transfert, sans autre qualificatif.
Le transfert est classiquement reconnu comme le terrain où se joue la problématique d’une cure psychanalytique, son installation, ses modalités, son interprétation et sa résolution caractérisant celle-ci. P 492 Laplanche et Pontalis."

`
Ces trois concepts sont issu du cours de licence 3 sciences de l’éduction mis en ligne par l’IED.
(Cours sur analyse institutionnelle de Hess, Rémi/Weigand,Gaby (2008))
"Analyseur : Les analyseurs sont des évènements qui surgissent naturellement : révolutions, mouvements sociaux, petits incidents et qui obligent à comprendre comment fonctionne le système institutionnel. L'analyseur peut aussi être construit par l'intervenant sur le terrain de la socianalyse (AI en situation d'intervention). Le travail d'analyse consiste à expliciter ce qu'expriment les analyseurs. Il peut être naturel : une révolution fonctionne toujours comme 1 R. Hess, Centre et périphérie, 2° éd. Paris, Anthropos, 2001.
2analyseur sociétal : “ Certains événement historiques fonctionnant comme des analyseurs permettent de décrypter l’ensemble du système social et de l’analyser ” (cf. G. Lapassade,“ un analyseur historique ”, La commune de Paris in Autogestion et socialisme n°15, Paris,Anthropos, 1971, pp. 27-30) ; dans ce même numéro : R. Lourau “ La Commune : un laboratoire historique ” (5-18).
L’institué : Dans L'analyse institutionnelle, René Lourau, reprend cette dialectique du concept d'institution pour élaborer la théorie de l'analyse institutionnelle, à la fois théorie des groupes, des organisations et des institutions, qui, à la fin des années 1960, définit l'institution comme le produit d'une confrontation permanente entre l'institué (ce qui est déjà là, ce qui cherche à se maintenir) et l'instituant (forces de subversion, de changement).
Instituant : À la suite de Rousseau, tout un courant s'intéresse à l'institution comme processus : comment naissent, comment évoluent les institutions ? Ce courant voit l'institution comme une force, une énergie sociale, un produit d'un contrat social. C'est la tradition de l'instituant. C'est à Sartre, puis à Cornélius Castoriadis que l'on doit d'avoir formulé une définition de l'institution qui intègre la critique en actes des institutions. Ce dernier explique : "L'institution de la société par la société instituante s'étaye sur la première strate naturelle du donné – et se trouve toujours (jusqu'à un point d'origine insondable) dans une relation de réception/altération avec ce qui avait été institué... En tant qu'instituante comme en tant qu'instituée, la société est intrinséquement histoire - à savoir auto-altération... L'autoaltération perpétuelle de la société est son être même, qui se manifeste par la position de formes-figures relativement fixes et stables et par l'éclatement de ces formes-figures qui ne peut jamais être que position-création d'autres formes-figures" (Castoriadis, L'institution imaginaire de la société, Seuil, p. 496)."